Temps Nu Avec Texte
2ème édition du 4 au 12 juin 2021
au LoKal, Saint-Denis
Ni fleurs ni couronnes, des mercis
C'est le printemps et même s'il est pourri ça reste le printemps et son sacre, le sang accélère sa course dans les veines de tout le monde, il galope du cœur affolé jusqu'aux bouts des doigts de pied crispés par la solitude. On a donc accéléré pour concocter rapido un Temps Nu nu de toutes traces de confinement. On en a eu marre de la jachère forcée, on a décidé de remettre en culture, rouvrir les vannes, les veines, les portes, emmerder les mauvais augures, même si on aime les corbeaux, corneilles, et autres chouettes magiques. Comme les fleurs dans les champs on a eu besoin de semer les graines qui s'agitent dans nos têtes depuis un an, de les voir croître et embellir, de les moissonner, et de vous les offrir en gerbe. Ça s'appellera le Temps Nu 2, parce qu'il faut bien donner un nom aux navires qui prennent le large.Sacrées folies, bonheurs sacrés
Nous allons donc vous présenter du 4 au 12 juin, dans notre fort modeste, quoique fort chéri LoKal, ceci expliquant peut-être cela, nous allons donc vous présenter dis-je, cinq spectacles et non des moindres, puisqu'il s'agit, par ordre d'entrée en scène, de :
Phèdre (Brisures), déjà joué ici même mais c'était dans le vieux temps d'avant et nous avons le féroce désir de lui redonner une vie très légèrement plus éternelle. Pour rappel c'est une adaptation du Phèdre de Racine pour quatre acteurs de fort grand talent, voire certains soirs de génie, et qui ont le paradoxal avantage d'interpréter le baroque alexandrin racinien nus comme des statues antiques.
La Voix perdue, un merveilleux conte du génie des profondeurs Pascal Quignard, joué, chanté, musicalisé par la trop talentueuse pour être honnête Juliette Flipo, et je m'aperçois en l'écrivant que dans talentueuse il y a tueuse, je vous le soumets, juste pour faire comprendre qu'on ne sera pas là que pour rigoler.
Le Bourdon, un tour de chants chantés. Il est aussi instrumentalisé et dansé, travesti et néanmoins lyrique, le tout par la sublime Vaslav de Folleterre, à la voix et au Shruti box sur des textes et musiques de Purcell et Brigitte Fontaine, de Monteverdi et Christophe, et de Jean Genet naturellement, notre amant à tous.
La fin de Satan de Victor Hugo. L'alexandrin étant un des personnages principaux de ce Temps nu comment résister à cette adaptation du colossal poème métaphysique de notre génie national, très physiquement interprété par le non moins national Mathieu Mullier-Griffiths, et mis en scène par le délicatement talentueux Stéphane Auvray-Nauroy. Et je vous soumets que dans talentueux il y a tueux ce qui ne veut rien dire et c'est bien dommage parce que le Satan d'Hugo est assez tueur de nature.
Et pour finir, but the last is not the, nous avons l'immense privilège de vous présenter le limpide, inévitable et tragique Horace du tueur Heiner Muller, mis en scène et interprété par la délicieusement limpide, inévitable, et donc tragique Claire Théodoly, pour faire vivre aux jeunes gens, aux vieilles gens et aux gens normaux ce que politique veut dire.
Ces cinq spectacles pourront se voir groupés, à raison de trois par jour (on n'ose plus dire soirée) maximum, ou bien pas groupés. Vous pourrez au choix en voir trois, deux, ou même un seul. Pour un seul, c'est cinq euros prix minimum, pour trois c'est vingt-cinq euros prix maximum, telle est notre fourchette, et à propos de fourchette et comme d'habitude au LoKal, le repas est compris et le verre avec (oui, oui, pour cinq euros si vous êtes peu riche, c'est-à-dire pauvre sans litote, vous pouvez avoir tout ça, parce que nous sommes le Théâtre public de la Ré publique, ce qui signifie que pour part nous vous appartenons corps et biens), même si, virus oblige, nos délicieuses propositions culinaires seront sous plastique cette fois. Sont compris également notre non moins délicieux sens de l'hospitalité, nos sourires niais du plaisir de vous voir sourire, même de celui de vous voir pleurer parce que le théâtre est ainsi fait qu'on puisse se réjouir aussi de vos larmes et des nôtres.
LE TEMPS NU [2] c'est la fête du plateau retrouvé, on n'est pas les seuls, ça bouillonne de partout, et c'est heureux, nom de Dieu, de Zeus, de Dionysos, d'Aphrodite et consort. Les dieux vont parler, les dieux vont s'ébattre dans leur plus simples et complexes appareils, les dieux vont revivre à la lumière des jours, puisque les dieux, et bien, c'est nos âmes et nos corps allés avec le soleil, en l'occurrence électrique et sur jeu d'orgue.
Dimanche 9 Mai d'on ne sait plus trop quelle année
Jean-Michel Rabeux
TEMPS NU AVEC TEXTE [2] Pensez à réserver vos places auprès de Leïla Douliba : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. | 06 67 50 64 01 Venir jusqu'à nous: LES SPECTACLES • Phèdre (Brisures) de Jean Racine Il est des spectacles qu’on chérit plus que d’autres. Phèdre (Brisures) en est un. Claude Degliame Jean-Michel Rabeux Texte Jean Racine • Mise en scène Claude Degliame et Jean-Michel Rabeux • Avec Claude Degliame Phèdre et Oenone, Nicolas Martel Théramène et Hippolyte, Sandrine Nicolas Aricie et Théramène dans le récit qu’il fait de la mort d’Hippolyte, Eram Sobhani Thésée • Lumières Jean-Claude Fonkenel • Régie générale Denis Arlot • Assistanat à la mise en scène Santiago Montequin • Production La Compagnie Durée 1h15 • La Voix perdue de Juliette Flipo Un récit(al) pour voix et harpe électrique inspiré du conte de Pascal Quignard Comment entendre ce qui s’est tu ? Conception jeu, musique Juliette Flipo • Collaboration artistique et lumières Jean-Claude Fonkenel • Costume Sophie Hampe • Le Bourdon de Vaslav de Folleterre (alias Olivier Normand) Vaslav de Folleterre, artificier du genre, créature chimérique des scènes de cabaret parisien propose un tour de chant singulier, de Purcell à Céline Dion, de Nirvana à Marie Dubas, de Caetano Veloso à Monteverdi. Elle s'accompagnera de son instrument fétiche : la Shruti box. Cette petite mallette de bois munie de deux soufflets fonctionne comme un harmonium sans clavier et sert tout aussi bien de guide-chant, de garde-fou, de trompe-l'ouie, de panacée harmonique, de bourdon. Une terre ferme où vaciller follement. Durée 45min • La Fin de Satan de Victor Hugo - Stéphane Auvray-Nauroy Ici s'effondrent et rejaillissent les fondements de la foi humaine. Mise en scène Stéphane Auvray-Nauroy • Interprétation Mathieu Mullier-Griffiths • Lumières Julien Kosellek • Création sonore Thomas Nolet • Conseiller scénographie Sacha Mitrofanoff • Production in extremis Durée 1h20 • HORACE de Tite Live, Heiner Müller et Pierre Corneille - Claire Théodoly HORACE, récit antique et poème épique qui dépasse la tragédie nous place dans une expérience collective, historique et politique où sous l’effet de l’aveuglement, l’individu se retrouve dans ses passions et ses actions face à une image méconnaissable, parfois monstrueuse de lui-même. Textes de Heiner Müller et Pierre Corneille • Traduction Française pour H.Müller de Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger • Interprétation et mise-en-scène Claire Théodoly • Compagnie La Furibonde Durée 30 min LA LOTERIE DES MÉTIERS* Le samedi 5 juin de 12h à 16h30 nous vous proposons de se retrouver pour un temps de travail dédié au partage de l'exercice des métiers et des compétences des équipes de La Compagnie. • Informations et inscriptions : 01 42 46 12 88 / Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. *Recette inspirée du Grand Bazar des Savoirs, modèle déposé par le Grand T à Nantes. Libellé inspiré des 365 recettes de Sorcières, éditions ChêneTemps Nu [2] - du 4 au 12 juin 2021
du 4 au 12 juin 2021
dans notre LoKal à Saint-Denis
INFORMATIONS PRATIQUESRéservations
Du fait de la situation sanitaire et de la configuration de notre LoKal chéri, les jauges sont (trés) limitées !
Tarifs au choix, en fonction des porte-monnaie !
Pour 1 spectacle : 5 €| 10 €| 15 €
Pour 2 spectacles (dans la même soirée) : 10 €| 15 € | 20 €
Pour 3 spectacles (dans la même soirée) : 15 € | 20 €| 25 €
Le LoKal, 3 rue Gabriel Péri, 93200 Saint-Denis
Ligne 13 - station Saint-Denis Porte de Paris
RER D - station Gare de Saint-Denis
Bus 153/209 - arrêt Porte de Paris
Peut-être parce que nous nous sommes mis à deux pour le mettre en scène, et qu’il y a fallu toute une vie.
Peut-être parce que vient l’été et son besoin de nudités.
Peut-être parce que nous sommes totalement cinglés de ces mythes, ces statuaires, ces dieux très humains, ces effrois immémoriaux, cinglés de ces alexandrins cinglés, ridicules, et qui nous caressent pourtant, et ravissent.
Peut-être parce que nos trois partenaires nous bouleversent particulièrement, comme nous ont bouleversés des mots qu’on nous a murmurés après les représentations, ou des silences, éloquents silences comme dirait Racine, ou des regards, oui, c’est aussi pour ces regards de spectateurs que nous l’aimons, complices regards, partages secrets.
Nous l’aimons peut-être parce qu’il ne sert à rien, ce spectacle (et on déteste ce mot, spectacle, à cet endroit-là, il faudrait plutôt païenne cérémonie, ou conte, rite, célébration, ou pompes funèbres, transe, vaudou en 12 pieds), il ne sert pas plus que ne sert un nu de Bacon, une mystique du Bernin, ou un contre-ut de Callas.
Peut-être parce qu’il nous emmène au loin de ce présent qui nous ennuie, pas pour nous en distraire, non, ni pour l’attaquer, non plus, seulement pour incarner en nous, avec vous, l’irréductible sauvagerie humaine, sa grandeur amoureuse.
Comment toucher ce qui n’est plus ?
Le conte de Pascal Quignard commence par un horrible accident qui fait du jeune homme Jean un orphelin.
La scène le hante, la voix de sa mère à l’agonie surtout. Il erre… à la recherche de cette voix perdue, du jadis qui nous happe irrésistiblement.
À l’aide de ma voix, d’une harpe électrique et des mots de Pascal Quignard, je m’aventure derrière lui à l’écoute de la voix perdue, de la matrice primitive dont nous sommes issus, de cet autre monde au bord duquel nous vivons.
Durée 40 min
Satan chute dans les ténèbres, Nemrod part à la conquête du ciel, la Sibylle s'adresse aux gouffres.
Tout à coup une plume tombée de l'aile de Satan est touchée par l'éclair de Dieu.
Avec ce premier spectacle, « La Furibonde » cherche à raconter, par une économie de gestes et dans le dépouillement scénique le drame d’une société mensongère et à imaginer ce que nous gagnerions à user de la parole, du débat sans peur du conflit, pour réparer, libérer, soulager et consoler.
Cette loterie des métiers est à destination des directeurs de compagnies professionnelles et de leurs équipes qui en auraient l'envie et/ou le besoin.
Initié en 2015 dans le cadre du Festival TRANSPantin et suite à TRANS (soutien à quatre jeunes metteurs en scène durant 4 ans), nous avons constaté à quel point il était nécessaire pour les metteurs en scène d'identifier leur singularité artistique, leur style de conduite de projet et de définir leur rôle de chef d'équipe. Car un metteur en scène n'est pas seulement un artiste. Il est aussi un chef d'atelier ayant à faire avec de l'argent, des salaires, des conventions collectives, des contraintes techniques de toutes sortes, avec les Pouvoirs sous toutes leurs formes.
Dispositif ouvert à 8 responsables de compagnies.
Télécharger le planning détaillé et le bulletin d'inscription ici !
Je me suis dit : au théâtre, pour moi, le corps et le texte, c’est pareil. Temps Nu Avec Texte [1] : Phèdre (Brisures) d'après Jean Racine au LoKal du 3 au 22 juin 2019 Ce premier Temps Nu Avec Texte ne concerne donc que ce seul spectacle, mis en scène par Claude Degliame et moi-même, qui avons décidé d’essuyer les plâtres de ce concept aussi ridicule que dangereux. On appelle ça Phèdre (Brisures) parce qu’il s’agit d’une version écourtée, environ la moitié des vers. Nous écourtons pour mieux faire entendre les sublimes rescapés. La langue « impossible » de Racine est le véritable sujet du spectacle. Le dispositif scénique mettra les acteurs et les spectateurs dans une très grande proximité pour que la langue leur soit aussi inévitable que les corps. Claude et moi-même avons une longue histoire avec Racine, et Phèdre en particulier. Notre premier spectacle ensemble, avec moi à la mise en scène et Claude sur le plateau, était Iphigénie, puis j’ai mis Phèdre en scène avec Claude dans le rôle de Phèdre, puis Claude a mis elle-même Phèdre en scène, dans lequel elle interprétait tous les rôles. - Comment vêtir le corps de Phèdre ? Avec quel costume ? Tout est réducteur, on le voit bien. Claude Degliame dispose des vers de Phèdre et d’Oenone, Nicolas Martel de ceux de Théramène et d’Hippolyte, Sandrine Nicolas de ceux d’Aricie et de Théramène dans le récit qu’il fait de la mort d’Hippolyte, et enfin Eram Sobhani de ceux de Thésée.Genèse du Temps Nu Avec Texte
Je me suis dit : je mets des corps à nu pourquoi ? Parce que l’homme n’est pas qu’un ensemble de rapports sociaux, il est aussi un mort en puissance. La mort n’est pas un rapport social.
Je me suis dit : je ne peux faire autrement qu’affirmer ce besoin existentiel du nu dans l’art, avec Bacon d’un côté de moi, et Caravage de l’autre, merci. Et à tant d’autres de mes collègues metteurs en scène, merci, je ne suis pas le seul heureusement qui tente par les corps à vif de dire mon amour du monde.
Je me suis dit : je mets les corps à nu pourquoi ? Pour entendre ce gouffre de silence s’ouvrir dans les salles quand tout à coup un nu se fait sur la scène. Ce silence, avec seulement les gloussements adolescents qu’on connaît, reconnaît et qui me touchent tant, qui sont aussi du silence de mort.
Je me suis dit : sur le plateau le corps nu est beau toujours, s’il est dans l’innocence et la nécessité de sa monstration. Tous les corps sont beaux d’être nus. Pour moi, nu et beau sont des synonymes, dans l’innocence.
Je me suis dit : il ne faut pas laisser le nu aux mains des porcs du Commerce, qui envahissent l’espace de pornographies, et on ne voit plus des nus, mais des trous, des corps en plastoc troués, qui rapportent plein de dollars et de mépris.
Je me suis dit : le nu m’appartient à moi seul, et pas au Marché qui m’en inonde. Je le pose sur le plateau pour ne pas être entraîné par le flot des milliards de corps virtuels, mais arrêté, stoppé net par le nu rare et précieux, vivant. Celui posé en chair et en os sur un plateau de théâtre.
Je me suis dit : je me méfie à mort de tous ceux qui vomissent le nu. Quelles que soient leurs bonnes ou leurs mauvaises raisons, ce sont des dangereux. Et leur haine est sans limite parce que le nu les accule à la liberté, et ils l’exècrent.
Je me suis dit : on va faire ça, ce Temps Nu Avec Texte, parce que c’est impossible à faire."
Nous y revenons une fois encore. Avec le bonheur - et la peur inhérente - de nous confronter à deux impossibles : le vers racinien ET la nudité des corps. Voici quelques mots écrits à quatre mains, pour tenter d’éclaircir :
- C’est Chéreau disant de son Phèdre : « on ne doit pas voir les costumes ». On prend Chéreau au pied de la lettre.
- Phèdre, le personnage, n’est pas un ensemble de rapports sociaux, c’est un corps écartelé par deux mâchoires de fer, celles d’Éros et de Thanatos.
- Phèdre n’est pas un personnage, c’est un corps qui profère la plus extraordinaire construction poétique de la langue française, l’alexandrin.
- Seule l’âme du texte nous intéresse, et on sait, on le sait de source sûre, que ce qui montre l’âme, au théâtre, c’est le corps.
- L’âme totalement offerte du comédien c’est son corps totalement nu.
- Pourquoi vêtir ces corps tragiques, puisqu’ils sont en train de mourir ? Comment vêtir des torturés ?
- Un texte parlé sans le corps entier de l’acteur pour l’exhaler, on ne l’entend pas, c’est tout.
- Le corps entier, ça veut dire le tressaillement de la poitrine de Thésée quand il voit la trahison dans les yeux de son épouse, ou bien sa poitrine qui double de volume quand il maudit son fils. Ça veut dire l’haleine de Phèdre mourante, « elle expire, Seigneur ».
- C’est le même mot, expirer et expirer : quand on expire on expire le dernier souffle de ses poumons. Pour que Phèdre expire il faut que la poitrine de l’actrice se soulève et retombe une dernière fois pour expirer le dernier alexandrin. Cette fois tout cela, cette physiologie poétique, on le verra à nu.
Claude Degliame & Jean Michel Rabeux
Ce projet nécessite des acteurs uniques, pour nous uniques, ils sont consubstantiels du spectacle.
Les voici :