Clara Rousseau
Ressource de La Compagnie
En 1984, suite à l’obtention du BTS d’Administrateur de Théâtre de l’ENSATT, je choisis d’exercer le métier de directrice de production, auprès principalement de metteurs en scène, souhaitant être plus proche de la fabrication des objets artistiques que de la permanence d’un fonctionnement de lieu. Je formalise cette activité entre 1986 et 2008 dans le cadre de MINIJY, bureau de production créé avec Thierry Balasse et Jean-Baptiste Braun, alors techniciens-concepteurs. Depuis 2008, je suis codirectrice de La Compagnie de Jean-Michel Rabeux, collaboration datant de 1991, et je reste conseillère de Valère Novarina après avoir dirigé ses productions depuis 1988.
A partir de 1990, je m’investis dans la formation continue avec l’enjeu de contribuer à la professionnalisation du secteur. L’activité de transmission me permet de mettre des mots sur mes pratiques, véritable prise de recul sur l’exercice de mon métier. je suis donc formatrice pour le CFPTS jusqu’en 1995, pour le CNAC jusqu’en 1996, et surtout responsable pédagogique pour l’antenne spectacle du GRETA des Arts Appliqués jusqu’en 2006 avec notamment la conception et la conduite de la formation d’Administrateur de spectacle vivant, niveau II, accessible à la VAE. C’est au GRETA que j’expérimente l’inclusion de modules de récit de vie dans les formations et l’application de l’Analyse des Pratiques Professionnelles (APP) comme support méthodologique pour le perfectionnement des professionnels du secteur artistique et culturel.
1992 est une année charnière parcourue de décès et d’accidents familiaux et amicaux qui m’affectent profondément et interrogent mon activité professionnelle. Je souhaite alors prendre de la distance, et décide pour cela de m’engager dans une recherche-action psychosociale, dont le principe est de circuler entre implication et distanciation sur sa pratique professionnelle. Je mène donc entre 1993 et 1998 une recherche sur les relations de travail entre directeurs et administrateurs de théâtre, dans le cadre d’un DHEPS à Paris 3. Se met alors en place, à partir de 1996, l’activité de consultation auprès d’individus et d’équipes, à Minijy jusqu’en 2006, puis dans le cadre de La Belle Ouvrage.
Pour consolider ma pratique de consultante, je décide de suivre le DESS TPIO à Paris 7 en 2000-2001. J’y découvre l’APP, la résolution de problèmes par la créativité et la sociologie clinique. J’explore, avec le mémoire, la question de l’articulation entre les héritages et le parcours des directeurs du secteur artistique, avec leur conception de projet et leur style de direction. S’en suivent dix années de participations régulières à des formations et des groupes d’implication au sein de l’Institut International de Sociologie Clinique, du CIRFIP, du centre ESTA, du GEPI, du GIP-FCIP de Paris.
Je rencontre Albane Guinet-Ahrens en 2003, à son invitation, pour travailler autour de nos pratiques de bureau de production qui aboutira à l’étude portée par La Belle ouvrage en 2008. Je l’invite alors à collaborer sur les formations du GRETA. En mai 2006, sûre de la convergence de nos convictions et de la perception de nos complémentarités, je lui propose ainsi qu’à Laure Guazzoni, de contribuer à la création et au développement de La Belle Ouvrage. Je rencontre Cécile Krakovitch à l’automne 2006, juste au moment de la création de La Belle Ouvrage, à Caminando, groupe de professionnalisation au métier de psychosociologue. Une année de cette riche expérience sensible partagée m’amène à lui proposer de venir nous rejoindre pour prendre en charge l’activité de bilan de compétences.
En 2009, le Ministère de la Culture et de la Communication me nomme Chevalier de ordre des Arts et Lettres, pour ma contribution à la professionnalisation du secteur. Elle prend la forme d’une attention particulière portée aux notions de projet individuel ou collectif, à ce qui les fondent notamment en matière d’héritages, aux outils concrets nécessaires à leur conduite, aux savoirs faire professionnels, aux dimensions économiques, le tout en lien avec la relation profonde qu’entretiennent les personnes à l’exercice de leur métier. J’ai moi-même une tendresse et un intérêt sincère pour l’activité humaine en milieu de travail.