La Double Inconstance (ou presque)
ttendus.
Arlequin et Sylvia s’aiment. Mais Le Prince aime Sylvia. Aïe ! Pour la conquérir il décide donc de détruire l’amour entre les deux jeunes gens. Ouïe ! Ça va faire mal.
On peut voir toute l’œuvre de Marivaux comme une réflexion badine et profonde autour des sens paradoxaux du mot aimer. Il dit l’amitié, amoureuse ou pas, il dit le trouble fugitif ou définitif, il dit le conjugal aussi bien que la passion. Il dit le désir, y compris celui de l’abus. Dit-il l’amour ? C’est quoi, l’amour ?
La Double Inconstance m’a toujours parue la pièce la plus cruelle de Marivaux. Mais, comme toujours chez lui, cette cruauté avance très masquée, les apparences sont respectées, la comédie y règne en maîtresse, le happy end est assuré.
Inattendus
Les scènes de vraie comédie ne vont pas à cette pièce, elles sont de l’arlequinade grossière. Elles ne font pas rire. Je les coupe. A leurs places nous inventons des grotesques beaucoup plus contemporains. Je fais comme Marivaux : j’allège. Notre époque est plus brève, elle comprend plus vite. Pas tant de mots ! Mais ceux qui demeurent seront habités par les corps entiers des acteurs, pas seulement par leurs bouches. Foin du blablabla du marivaudage, comme dirait Marivaux.
L’érotisme aussi va se débusquer, puisque la pièce est érotique c’est indéniable. C’est dire qu’elle est tout aussi indéniablement très politique. Il s’agit de l’abus des puissants sur les sans-grades. Ça rappelle quelque chose.
Le décor, imaginé par Noémie Goudal et inspiré des trompes l’œil architecturaux, est une déclinaison photographique d’arches labyrinthiques, prison princière, mais prison qui ménage des espaces d’observations pour les Maîtres, voyeurs des effets de leurs manipulations.
Les personnages semblent sortir à l’aube d’une boîte de nuit branchée, mélange de trash, de sexy, de contemporain et de dix-huitième. Les hommes sont fardés autant que les femmes, les mouches percent les peaux, les perruques travestissent hommes et femmes, les corsets corsettent hommes et femmes.
Il s’agit d’acteurs avec un corps sexué, ça paraît une lapalissade, mais en ces temps qui courent c’est une affirmation. Même si leur sexe est parfois très incertain. Dans ce monde que nous campons, avec l’aide de Marivaux, mais aussi de Laclos, de Sade et de notre époque trans-percée de contradictions, le sexe est un travestissement.
C’est la nuit, mais d’été, ça pleure, ça jouit, ça rit, ça crie, c’est plus ou moins ivre, ça chante, c’est méchant, ça tue, ça fait rire, mais c’est pas rigolo. Bref ça craint.
Jean-Michel Rabeux
« Vicomte de Valmont :
- J’ajoute donc que le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre : vous voyez que la réponse que je vous demande n’exige ni longues ni belles phrases. Deux mots suffisent.
Marquise de Merteuil :
- Alors la guerre. »
Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos, 1782
« Ce n’est pas dans la jouissance que consiste le bonheur, c’est dans le désir, c’est à briser les freins qu’on oppose à ces désirs (…) »
Les 120 Journées de Sodome ou l’École du Libertinage, D. A. F. de Sade, 1785
Distribution
Lumières Jean-Claude Fonkenel • Images Noémie Goudal • Assistanat à la mise en scène Vincent Brunol • Production déléguée La Compagnie • Coproduction La Compagnie, La rose des vents - Scène nationale Lille Métropole / Villeneuve d’Ascq, Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis, La Barcarolle – EPCC spectacle vivant Audomarois
Dispositif scénographique pensé par Noémie Goudal : une nouvelle complicité artistique
Diplômée du Royal College of Art et de St Martins school, elle a reçu de nombreux prix dont le Prix HSBC en 2013 et le RCA Sustain Award en 2010. Elle a participé à de nombreuses expositions collectives, comme à la Saatchy Gallery de Londres en 2012 et au Pavillon de l’Azerbaïdjan lors de la Biennale de Venise de 2015. Noémie Goudal a également fait l’objet d’expositions personnelles, notamment à la New Art Gallery Walsall en 2014, au FOAM d’Amsterdam en 2015, à la Photographers’ Gallery de Londres à l’automne 2015 et au BAL à Paris en 2016.
www.noemiegoudal.com
En représentation
• Du 7 au 11 janvier 2019, Le Grand T, Théâtre de Loire Atlantique, Nantes
- Les lundi 7, mardi 8, mercredi 9 et jeudi 10 janvier à 20h
- Le vendredi 11 à 20h30
> Informations et réservation : 02 51 88 25 25 www.legrandt.fr
• Le 18 janvier 2019, Théâtre Romain Rolland, Villejuif
- Le vendredi 18 janvier à 20h30
> Informations et réservation : 01 49 58 17 01 https://trr.fr/
• Du 27 au 28 février 2019, Le Volcan, Scène Nationale du Havre
- Les mercredi 27 et jeudi 28 février à 19h30
> Informations et réservation : 02 35 19 10 21 www.levolcan.com
• Du 10 au 11 avril 2019, Théâtre National de Meiningen (Allemagne), dans le cadre du Festival International et Pluridisciplinaire dieFestwoche
- Les mercredi 10 et jeudi 11 avril à 19h30
> Informations et réservation : www.meininger-staatstheater.de
Saisons précédentes
• Du 18 au 26 janvier 2018, La Rose des vents, scène nationale Lille Métropole / Villeneuve d'Ascq
7 représentations www.larose.fr
• Du 7 au 8 février 2018, Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque
2 représentations www.lebateaufeu.com
• Du 13 au 14 février 2018, Barcarolle, EPCC spectacle vivant Audomarois
2 représentations www.labarcarolle.org
• Le 20 février 2018, L'Equinoxe, scène nationale de Châteauroux
1 représentation www.equinoxe-lagrandescene.com
• Du 3 au 25 mars 2018, Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis
20 représentations www.theatregerardphilipe.com
• Du 19 au 20 avril 2018, Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues
2 représentations www.lessalins.net